Ce que je trouve le plus dur dans le fait d’être sage-femme indépendante de garde H24, ce n’est pas tant la gestion des enfants au moment où on t’appelle… des solutions, on en trouve toujours lorsque la situation se présente (et je n’ai pas de grands-parents prêts à garder les enfants au pieds levé ni d’amis à proximité qui pourraient dépanner). Les bébés choisissent bien souvent bien leur moment de naissance et composent avec tout leur petit monde d’accomapgnant.e.s. Ce qui est dur en revanche, c’est en aval que ça se passe, lorsque tu as accompagné une naissance une partie de la nuit et que le lendemain matin, à l’aube, les enfants sont là, bel et bien là, à jouer sans filtre sonore dans toute la maison et que tu ne PEUX désespérément PAS DORMIR !!!! ça c’est DUR 

C’était donc un samedi… quelques contractions vers 3h du mat. Rien de régulier, ça a chipoté toute la journée. Elle s’est reposée, cherché le mouvement, tenté de suivre le flow du quotidien… vers midi, toujours rien. Vers 16h, toujours rien. Enfin si, assurément quelque chose, mais rien de régulier qui assure un départ avec non retour… Vers 21h, avant d’aller se coucher, un appel pour prendre qq nouvelles… pas de réponse… vite, vite, se glisser sous la couette, peut-être s’est-elle endormie !? Prions pour un bon repos jusqu’au matin pour partir en puissance après la nuit… 

21h20, c’et lui qui appelle, c’est en route ! depuis 21h, c’est intense, régulier, fort, long ! Pas de répit pour sa chérie. Ok, monter la piscine, monitorer encore un peu le rythme, prévenir Maïté… On se prépare, on va arriver.

23h, nous voilà. Elle gère super bien, on est impressionnées, elle est dans le bain, elle émet des sons… tout est beau et en bonne voie.

Son premier, c’était si long. La sage-femme était restée 24h à la maison. Pour celui-ci, ça lui faisait peur d’avoir le même timing… et minuit sonne, ou un peu avant ? elle sent que ça pousse, elle n’en revient pas… incrédule, elle nous dira reprendre espoir, est-ce bien réel ? peut-on mettre au monde si rapidement ? elle en rigole. « Suis ce que ton corps te donne envie de faire » sera notre simple conseil.

De mon côté, le matin de cette journée, j’avais posé mes 2 grandes filles à la gare du midi, direction Paris CDG, direction Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, ensuite. Elles y passent 1 mois avec leur grand-père qui vit là-bas. C’était une première ! laisser partir mes bébés, seules, avec leur cousin du même âge, dans un gros avion, je ne vous dis pas à quel point j’en ai pleuré toute la journée  !!! Mon mari de me dire « tes enfants ne sont pas tes enfants, ils sont l’appel de… » Oui oui, je la connais celle-là… Merci Gibran… Mais la réalité, c’était moi, obsessionnelle, toute la journée, sur le flight tracking à surveiller pathétiquement l’altitude et la vitesse de l’avion. Evidemment, au moment de l’accouchement, elles n’avaient pas encore atterri, il me fallait donc mettre qq part le flight tracking, discrètement… 

00 :20, elles entament la descente… on voit la tête au petit couronnement…
00 :30, 4000m d’altitude… changeons de position pour que tu puisses mieux sentir la tête de ton bébé qui avance…
2000m, nouvelle contraction, la poche se rompt, plop, ton liquide est clair…
1000m, nouvelle contraction, la prochaine, la tête va sortir… Bébé n’aime pas trop sa descente fulgurante…
500m, 300m, nouvelle contraction…
100m, nouvelle contraction, 60m, 30m, 20m, 0m, l’avion se pose et la tête sort ! Houra, douceur et concentration encore… il y a un beau cordon…
00 :46, c’est tout le corps qui suit, parfait, ça passe tout seul… c’est un magnifique petit garçon qui nait, HIAGO ! petit nageur dans l’eau, ma foi légèrement bleu, normal… un peu de caresse dans ton dos, vérifier ton rythme, qq secondes pour te redonner une couleur toute rosée, 1 minute de vie et te voilà complètement parmi nous, pas de cri ni de pleur, tes parents en soupirs de soulagement et d’amour… « va-t-il bien ? », « parfaitement bien ! »
Bienvenue petit d’Homme 
Ta maman, qui nous disait juste avant ton arrivée « je ne sortirai plus de cette piscine », voulu sortir pour mieux te contempler… le temps de te tenir, te voilà qui crie, ton père ravi « pleure mon bébé, pleure, ta voix me fait tellement de bien »… hop sur le canapé. Naissance de ton placenta qq 30 minutes plus tard, tétée d’accueil, tu gères comme un chef… la pesée, les papiers… tout le monde au lit avec une bonne tisane toute chaude 
On reprend la route.
Mes filles sont en Guadeloupe à déguster des pizzas avec leur grand-père 

Tellement beau et bon tout ça ! L’appel de la vie alors on se dira ! En fin de compte, Merci Gibran 
Merci à vous chers parents pour cette nouvelle aventure d’amour!
Stéphanie